Pourquoi les marketeurs doivent penser en probabilités

Penser en certitudes en marketing est une impasse. Les marchés étant complexes et incertains, la pensée probabiliste, fondée sur des données partielles et des degrés d’incertitude, offre un cadre réaliste et pragmatique pour prendre des décisions éclairées.


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3 principaux points à retenir.

  • Les causes marketing sont multiples, non linéaires et incomplètes
  • Penser en probabilités évite les erreurs de certitude illusoire
  • Composer avec l’incertitude améliore le pilotage stratégique

Pourquoi le marketing est-il un jeu d’incertitudes ?

Le marketing, c’est un peu comme jouer aux dés dans un casino. On peut affiner sa stratégie, mais la chance et l’incertitude sont toujours là, tapies dans l’ombre. Pourquoi ? Car le marketing évolue dans un écosystème complexe, peuplé d’humains dont les comportements sont souvent imprévisibles. Tenter de prévoir les résultats avec une certitude absolue, c’est se condamner à l’échec.

La réalité est que les causes de succès ou d’échec sont multiples et souvent imbriquées. Prenez une campagne publicitaire par exemple : son impact ne dépend pas que de la créativité du visuel, mais aussi du moment où elle est lancée, des tendances sociétales, et même de facteurs externes comme la météo ou l’actualité (vous souvenez-vous de cette campagne supprimée en raison d’une crise médiatique ?). Chaque élément influence les autres, créant un réseau complexe de causes et d’effets.

Un seul facteur ne peut pas expliquer à lui seul un résultat. Si l’on cherche cette cause unique, on finit par ignorer des éléments cruciaux qui pourraient donner un sens aux performances de nos actions marketing. Par ailleurs, il existe des boucles de rétroaction dans ce système. Par exemple, une action marketing peut entraîner un changement dans le comportement des consommateurs, qui à leur tour influencent de nouvelles stratégies marketing. Ce cycle crée une dynamique où chaque décision est connectée à plusieurs autres, amplifiant ainsi l’incertitude.

Ajoutons à cela l’effet papillon. Ce concept, qui évoque comment de petites variations dans une situation initiale peuvent mener à des résultats totalement différents, est particulièrement pertinent en marketing. Une simple mention d’un produit sur les réseaux sociaux peut déclencher une vague d’engouement qui échappe à tout contrôle. La prévisibilité, dans ce contexte, est un leurre.

En résumé, le marketing est un jeu d’incertitudes. Les marketeurs doivent apprendre à naviguer dans cette mer tumultueuse, à penser en termes de probabilités plutôt qu’en certitudes. Car dans ce monde complexe, c’est la flexibilité et l’adaptabilité qui mènent au succès.

En quoi la pensée probabiliste change-t-elle la donne ?

La pensée probabiliste est une révolution pour les marketeurs. Au lieu de courir après des certitudes inaccessibles, elle invite à se concentrer sur des évaluations de l’impact des actions en termes de probabilités de succès. Pourquoi ? Parce que la vérité, c’est que chaque facteur marketing n’offre qu’un certain degré de confiance. Et souvent, ce degré est bien plus faible que ce que l’on pourrait croire, surtout à la lumière des données récentes.

Une étude marquante, citée dans le livre Noise de Daniel Kahneman, Olivier Sibony et Cass Sunstein, révèle que seulement 3 % des corrélations sur le comportement humain dépassent un seuil de 0,50. En clair, la plupart des analyses marketing reposent sur des bases solides, mais fragile. On ne peut donc pas s’attendre à des résultats sans nuances; chaque campagne doit être perçue comme une série de paris où la variance dominera souvent.

Alors, comment se calquer sur un raisonnement qui fait appel à un cadre statistique ? Voici quelques pratiques à intégrer :

  • Accepter le non-savoir : Reconnaître que certaines variables échappent à notre contrôle est un premier pas crucial. La transparence sur nos incertitudes aide à reconfigurer les stratégies.
  • Diversifier les sources : Ne vous fiez pas à une seule métrique ou étude. Utilisez différents outils d’analyse pour obtenir une vue d’ensemble plus nuancée.
  • Parier modérément : Quand vous engagez des ressources dans une campagne, gardez en tête les probabilités sous-jacentes. Misez là où l’analyse le justifie, et pas sur des suppositions.
  • Clarifier les ambiguïtés : Une communication claire des objectifs et des résultats attendus est vitale. Évitez de masquer des incertitudes, exposez-les plutôt comme des éléments à considérer.

Pour illustrer ces points, imaginez que vous lancez une campagne publicitaire sur les réseaux sociaux. Au lieu de tabler sur le fait qu’une certaine publicité va assurer un retour sur investissement élevé, vous pouvez modéliser des scénarios à l’aide d’années de données. Le résultat pourrait révéler que votre annonce a 60 % de chances de générer des clics, mais seulement 20 % de chances de convertir ces clics en ventes. En agissant ainsi, vous ajustez vos attentes et vos investissements en conséquence.

En intégrant cette approche, les marketeurs peuvent naviguer dans l’incertitude avec plus de lucidité. Cela transforme une mer d’incertitudes en données exploitables, tout en redéfinissant leur façon d’interagir avec leur audience. Qui plus est, cette façon de penser aide à soutenir des décisions marketing plus éclairées et, potentiellement, plus profitables.

Comment appliquer la pensée en probabilités au pilotage marketing ?

Pour intégrer la pensée probabiliste dans la gestion marketing, les outils et méthodologies sont déterminants. Dans un environnement où les décisions doivent être rapides et basées sur des données, il devient impératif d’adopter des modèles statistiques avancés. Par exemple, l’intelligence artificielle causale permet de comprendre non seulement les corrélations entre les variables, mais aussi les relations de cause à effet. C’est essentiel pour ajuster les stratégies de manière pertinente. Le marketing mix modeling est un autre outil pertinent : il vous aide à évaluer l’impact de chaque canal de marketing sur les résultats mais nécessite des données précises. En utilisant ces techniques, vous pouvez mieux anticiper les résultats de vos campagnes.

Élargir les données intégrées est également crucial. Ne vous limitez pas aux simples données clients. Intégrez plutôt des données sociales, économiques et concurrentielles. Par exemple, des études comme celle de la Harvard Business Review montrent qu’une approche multidimensionnelle dans l’analyse des données peut améliorer le retour sur investissement marketing de 30% en moyenne (source : Harvard Business Review). Ces données, lorsqu’elles sont couplées avec des analyses probabilistes, permettent de créer des modèles plus robustes qui prennent en compte des scénarios variés.

Enfin, ignorons l’ancien adage de « tout ou rien ». Au lieu de faire un grand pari, concentrez-vous sur une gouvernance décisionnelle basée sur plusieurs petits paris. Les tests A/B et les expérimentations incrémentales sont des approches efficaces pour ça. Avec une série d’expérimentations, vous pouvez valider des hypothèses sans engager des ressources massives dans une seule direction. Cela vous permet de pivoter rapidement si les résultats ne sont pas en votre faveur.

Voici un tableau comparatif pour clarifier la différence entre la pensée en certitudes et celle en probabilités dans la prise de décision marketing :

AspectsPensée en CertitudesPensée en Probabilités
Prise de décisionDéterministe, basé sur des données historiquesProbabiliste, basé sur des simulations et des scénarios
ValidationSouvent insuffisanteTests continus et ajustements
RisquesFaible toléranceAcceptation des incertitudes
FlexibilitéRigiditéAgilité et adaptabilité

Incorporer une approche probabiliste dans votre stratégie marketing peut sembler complexe, mais c’est le moyen le plus efficace d’optimiser vos actions et d’assurer une rentabilité accrue. Pour approfondir le sujet, vous pouvez consulter cet article.

Alors, êtes-vous prêt à penser marketing en probabilités ?

S’accrocher à l’idée de certitude en marketing est une erreur qui coûte cher. La nature complexe et humaine des marchés génère inévitablement de l’incertitude. Penser en probabilités, à la façon d’un statisticien, est la meilleure stratégie pour mieux évaluer les risques, adapter ses actions et éviter les pièges du réductionnisme. En acceptant le non-savoir, en diversifiant ses informations et en misant sur des paris multiples, les responsables marketing gagneront en agilité et en pertinence. Cette approche pragmatique est indispensable pour naviguer efficacement dans le chaos apparent des comportements clients et marchés modernes.

FAQ

Pourquoi le marketing ne peut-il pas prévoir avec certitude ?

Le marketing implique des comportements humains complexes et des interactions multiples, souvent non linéaires et imprévisibles. Certains facteurs inconnus ou différés perturbent les résultats, rendant impossible une prévision totalement certaine.

Qu’est-ce que penser en probabilités apporte au marketing ?

La pensée probabiliste offre un cadre réaliste permettant d’évaluer les chances de succès ou d’échec, de mieux gérer les risques et d’adapter les décisions en fonction des incertitudes, plutôt que de chercher une vérité absolue.

Comment appliquer la pensée probabiliste dans la pratique marketing ?

En diversifiant les sources de données, en utilisant des outils analytiques avancés, en testant plusieurs hypothèses avec des petits paris au lieu d’un grand, et en clarifiant les décisions par des outils de mesure de confiance et d’ambiguïté.

Est-ce que l’intelligence artificielle peut éliminer l’incertitude ?

Non, même si l’IA avancée détecte plus de patterns, elle ne peut pas complètement éliminer l’incertitude liée à la complexité humaine et aux effets non linéaires. Elle aide cependant à mieux estimer les probabilités.

Pourquoi diversifier les sources d’information est crucial ?

Parce que chaque source offre une vision partielle. La combinaison de données internes, externes, qualitatives et quantitatives permet de mieux comprendre les multiples facteurs à l’œuvre et d’améliorer la précision des prévisions probabilistes.

 

A propos de l’auteur

Franck Scandolera est analyste et formateur indépendant spécialisé en Web Analytics, Data Engineering, Automatisation No Code et IA générative. Basé à Brive‑la‑Gaillarde, il accompagne depuis plus de dix ans des professionnels à maîtriser les outils avancés de tracking, modélisation et pilotage data-driven. Son expertise technique et pédagogique en GA4, Google Tag Manager, BigQuery et causal AI lui permet de déployer des solutions opérationnelles qui intègrent la complexité et l’incertitude du marketing contemporain. Sa vision est claire : exploiter la donnée pour éclairer les décisions sans jamais tomber dans l’illusion de certitude.

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